Révolution de l'acier vert : Nouvelles opportunités d'exportation pour la Chine dans le cadre de la politique européenne sur la taxe carbone
Dans le sillage mondiale de la neutralité carbone, la mise en œuvre du mécanisme européen d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) redéfinit profondément le paysage concurrentiel international de l'industrie sidérurgique. Cet article analyse de manière approfondie la dernière révision de la politique européenne de taxe carbone et son impact multidimensionnel sur les exportations sidérurgiques chinoises, mettant en lumière les défis ainsi que les opportunités potentielles auxquels les entreprises sidérurgiques chinoises font face dans le cadre de leur transition écologique. De l'élargissement des politiques d'exemption, en passant par la simplification des règles de calcul jusqu'à l'extension des échéances de conformité, les nouvelles réglementations européennes relatives au tarif carbone offrent aux entreprises chinoises une période transitoire précieuse ; parallèlement, l'industrie sidérurgique chinoise construit progressivement des avantages compétitifs mondiaux grâce à l'innovation technologique dans la métallurgie à l'hydrogène, au développement des fours électriques à court cycle et à la certification des produits bas carbone. L'article explorera également en détail comment transformer les contraintes liées au carbone en nouveaux moteurs pour un développement de haute qualité, via des stratégies telles que le lien avec le marché du carbone, la réduction coordonnée des émissions au niveau régional et l'implantation internationale des capacités de production, permettant ainsi aux entreprises sidérurgiques chinoises de saisir de nouvelles opportunités d'exportation dans le cadre de la révolution de l'acier vert et d'accomplir une transformation stratégique allant d'« un coût carbone » à « un avantage carbone ».
Analyse de la nouvelle politique douanière carbone de l'UE : Extension des exemptions et avantages de la période transitoire
En mars 2025, la Commission européenne a officiellement adopté une proposition révisée du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), offrant ainsi un espace important pour réduire les charges et accroître l'efficacité des exportateurs de l'UE hors de l'UE, notamment en Chine, ainsi que des importateurs de l'UE grâce à une combinaison politique de « exemption + simplification + prolongation ». Si cette révision est approuvée, elle affectera directement les exportateurs de notre pays dans des secteurs tels que l'acier, l'aluminium, les engrais et le ciment, en particulier l'industrie sidérurgique qui représente 76 % des exportations chinoises vers l'UE12.
La réduction significative du seuil d'exemption constitue l'un des principaux points saillants de la nouvelle politique. La dernière proposition prévoit un seuil de « 50 tonnes », ce qui signifie que les importateurs européens et les exportateurs concernés dont les importations annuelles cumulées de produits concernés sont inférieures à 50 tonnes bénéficieront directement de cette disposition. Par rapport au plafond initial fixé à « 120 euros » par la réglementation précédente, le champ d'application des exemptions a été considérablement élargi. Pour les entreprises éligibles, les importateurs doivent simplement cocher le statut d'« importateur occasionnel » lors de la déclaration en douane pour être dispensés des obligations liées à l'autorisation, à la déclaration et à l'achat de certificats du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), mais ils devront surveiller eux-mêmes leurs volumes d'importation. Dès que ces derniers dépassent 50 tonnes, ils devront prendre immédiatement des mesures conformes afin d'éviter des amendes. Concernant les exportateurs, si les importations annuelles cumulées de tous leurs importateurs de l'UE ne dépassent pas 50 tonnes, l'entreprise sera dispensée des calculs requis et n'aura pas à transmettre des informations telles que les émissions de carbone incorporées aux importateurs. Cette modification profite particulièrement aux exportateurs chinois de petites et moyennes entreprises dans le secteur sidérurgique ainsi qu'aux fournisseurs d'acier spécial, en abaissant pour eux le seuil initial d'accès au marché européen.
En ce qui concerne les règles de calcul des émissions, la proposition supprime les restrictions liées à l'utilisation des valeurs par défaut, permettant aux importateurs de choisir librement des données d'émission réelles ou des valeurs par défaut fournies par l'UE1. Cette modification résout efficacement le problème de « difficulté d'accès aux données » au sein de la chaîne d'approvisionnement des exportateurs, ce qui signifie que les exportateurs pourraient être dispensés du calcul ou utiliser des valeurs par défaut au lieu des valeurs d'émissions réelles des matières premières. En outre, les émissions liées au traitement en aval de certains produits en aluminium et en acier ne sont pas prises en compte dans le calcul, et les émissions des matières premières produites dans l'UE et pour lesquelles un prix du carbone a été payé sont également nulles1. Ces règles simplifiées réduiront considérablement les coûts de conformité des entreprises sidérurgiques chinoises, en particulier celles dont les systèmes de collecte des données sur les émissions de carbone dans la chaîne d'approvisionnement ne sont pas encore entièrement développés.
L'introduction du mécanisme de déduction du prix du carbone crée des avantages potentiels en matière de prix pour les exportateurs chinois. L'Union européenne fixera un prix du carbone par défaut pour les pays tiers sur la base de données publiques, et les importateurs pourront utiliser directement cette valeur pour déduire les frais de carbone des produits importés1. À mesure que le marché chinois du carbone s'étendra, les grandes entreprises de production telles que celles du secteur sidérurgique et du ciment seront incluses dans le dispositif de contrôle, et les prix du carbone augmenteront également avec la maîtrise du volume total d'émissions de carbone. Il est prévisible que les exportations chinoises de produits tels que l'acier et l'aluminium vers l'Union européenne bénéficieront d'un avantage en termes de coûts par rapport aux produits similaires provenant d'autres pays/régions n'ayant pas mis en place de marchés du carbone. En même temps, les exportateurs n'auront pas besoin de demander aux fournisseurs en amont, tels que les aciéries, les coûts liés à la conformité au marché carbone national, ce qui réduit les coûts de communication ainsi que la pression liée à la coordination1.
En matière de simplification des démarches, la proposition vise à simplifier les procédures d'autorisation des représentants agréés, introduire l'identité des représentants CBAM, et permettre aux importateurs de confier à des tiers (tels que des consultants ou des experts en environnement) la tâche de soumettre des déclarations et de calculer les émissions implicites en leur nom1. Cette modification aidera les entreprises chinoises d'exportation qui ne disposent pas d'équipes professionnelles en gestion du carbone à respecter plus facilement les exigences de conformité de l'Union européenne.
Le report des échéances de conformité offre aux entreprises une période d'adaptation plus souple. Pour la période de collecte commençant en 2026, il est proposé de reporter la première date d'achat des certificats CBAM au 1er février 2027, et les échéances de conformité correspondantes seront également reportées1. Les ajustements spécifiques comprennent : le délai pour la déclaration annuelle et la soumission des certificats est repoussé au 31 août ; le délai pour le rachat des certificats est reporté au 30 septembre ; la date d'annulation des certificats est reportée au 11 octobre. Ce prolongement a permis d'acheter davantage de temps aux entreprises sidérurgiques chinoises pour calculer les émissions de carbone incorporées dans leurs produits et améliorer leurs systèmes internes de gestion du carbone.
La réduction de la pression financière est un autre avantage important. Le prix des certificats CBAM sera ajusté, passant d'une moyenne hebdomadaire précédente du prix de clôture du système d'échange de quotas d'émission de l'UE (EU ETS) à une moyenne calculée trimestriellement1. Cet ajustement rendra le prix des certificats plus stable et prévisible, réduisant ainsi l'incertitude provoquée par les fluctuations hebdomadaires des prix. En même temps, la proposition vise à optimiser la proportion de détention des certificats et les méthodes d'achat, diminuant la part de certificats CBAM que les importateurs doivent détenir chaque trimestre, passant de 80 % à 50 %, offrant ainsi aux entreprises davantage de flexibilité dans la gestion de leur trésorerie et leur permettant d'organiser plus rationnellement l'achat et la détention des certificats en fonction de leurs propres conditions financières et de l'évolution du marché1.
Tableau : Comparaison des principales modifications proposées dans la révision du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE
Dimension politique Règles initiales Règles révisées Impact sur les exportateurs chinois d'acier
Seuil d'exonération 120 euros pour 50 tonnes d'importations annuelles cumulées Plusieurs petites et moyennes entreprises peuvent bénéficier d'exonérations
Calcul des émissions Limiter strictement l'utilisation des valeurs par défaut Supprimer la limite sur l'utilisation des valeurs par défaut Réduire la charge liée à la collecte et au calcul des données
Point de conformité La collecte commence début 2026 Le premier achat est reporté à février 2027 Étendre le délai d'adaptation et de préparation
Prix du certificat Calculé selon le prix moyen hebdomadaire Calculé selon le prix moyen trimestriel Des prix plus stables et prévisibles
Ratio de détention 80 % doivent être détenus chaque trimestre Réduit à 50 % Réduire la pression liée à l'occupation du capital
Bien que la nouvelle politique douanière carbone de l'UE prévoie plusieurs mesures pratiques, les exportateurs chinois d'acier doivent toutefois comprendre que la réglementation plus stricte de l'UE en matière d'émissions de carbone ne changera pas. Les entreprises devraient tirer pleinement parti de cette période transitoire offerte par la politique pour optimiser leurs stratégies internes : comptabiliser précisément les données à l'exportation, trier de manière exhaustive le poids net à l'exportation des produits contrôlés par le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), et confirmer simultanément les qualifications exonératoires des importateurs ; évaluer l'efficacité économique de l'utilisation des valeurs par défaut comparée à celle des calculs réels, et préparer à l'avance les données nécessaires pour faire face aux vérifications futures ; procéder dès que possible à l'enregistrement des comptes sur les plateformes des pays tiers et télécharger à temps les données relatives aux émissions ; continuer à suivre attentivement l'évolution réglementaire, porter attention à l'élargissement de la liste des secteurs concernés ainsi qu'aux détails relatifs à la vérification des données, et coordonner ces actions avec la gestion des quotas du marché national du carbone afin d'élaborer une stratégie collaborative.
Analyse de l'impact et des coûts liés aux mécanismes des droits carbone sur les exportations chinoises d'acier
La mise en œuvre du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACB) de l'Union européenne modifiera fondamentalement la structure des coûts et la compétitivité des produits sidérurgiques chinois exportés vers l'UE. En tant que plus grand producteur et exportateur mondial d'acier, l'industrie sidérurgique chinoise représentera 53,97 % de la production mondiale brute d'acier en 2023. Parmi les six grandes catégories de produits affectés par le MACB, l'acier représente 76 % des exportations totales de la Chine vers l'UE2. Ces données soulignent l'impact significatif des politiques de droits carbone sur l'industrie sidérurgique chinoise, nécessitant une analyse approfondie de son mécanisme d'action et de son chemin de transmission des coûts.
Modèle de calcul des taxes MACB et estimation de l'augmentation des coûts
La logique de calcul principale du tarif carbone de l'UE repose sur le principe de « différence de prix du carbone ». La formule spécifique est la suivante : tarif carbone CBAM = prix du certificat CBAM × émissions de carbone = (prix du système d'échange de quotas d'émissions de l'UE - prix du carbone dans le pays d'origine du produit) × (émissions de carbone du produit - quotas gratuits obtenus par des produits similaires de l'UE)27. Parmi ces éléments, le prix du carbone dans le système d'échange de l'UE correspond au prix de clôture moyen de la plateforme européenne d'échange d'émissions de carbone de la semaine précédente, soit environ 90 euros/tonne actuellement ; le prix du carbone dans le pays d'origine du produit ne peut être réduit que si ce pays a effectivement payé un prix du carbone ; les quotas gratuits obtenus par des produits similaires de l'UE seront réduits progressivement chaque année conformément au calendrier prévu, jusqu'à leur suppression totale en 20342.
D'après ce modèle de calcul, nous pouvons effectuer une estimation préliminaire du fardeau imposé par le tarif carbone sur les exportations chinoises d'acier vers l'Union européenne. Sur la base des 4,05 millions de tonnes d'acier exportées par la Chine vers l'UE et le Royaume-Uni en 2022, en supposant que le prix moyen du carbone sur le marché européen soit de 83,6 euros par tonne, et en considérant une intensité moyenne des émissions de carbone de l'industrie sidérurgique chinoise de 2,15 tonnes de dioxyde de carbone par tonne d'acier, contre une intensité moyenne des émissions de carbone de l'industrie sidérurgique européenne de 1,68 tonnes de dioxyde de carbone par tonne d'acier7, sans tenir compte de l'impact du marché chinois du carbone, les produits sidérurgiques chinois seront soumis à une taxation s'élevant à près de 42,8 euros par tonne (environ 330 yuans) en 2026, soit 38 euros par tonne de plus que les produits sidérurgiques européens domestiques. Lorsque les quotas gratuits seront progressivement supprimés, en 2034, la taxe par tonne d'acier atteindra 179,8 euros par tonne (environ 1 380 yuans), et la somme totale des taxes s'élèvera à 730 millions d'euros7.
Il convient de noter qu'il existe des différences significatives en matière d'intensité des émissions de carbone entre les différentes entreprises sidérurgiques en Chine. En prenant Baosteel comme exemple, son intensité en émissions de carbone est inférieure à celle de groupes européens tels que AM Group et ThyssenKrupp. Par conséquent, les droits carbone payés par Baosteel pour ses produits sidérurgiques exportés en Europe sont plus faibles que ceux exigés pour ces entreprises européennes concurrentes, lui conférant ainsi un certain avantage compétitif7. Ce phénomène montre que la politique de droits carbone pousse en réalité les entreprises sidérurgiques chinoises à accélérer leur transition vers une production bas-carbone, grâce à l'innovation technologique, permettant ainsi de maintenir voire d'accroître leur compétitivité internationale.
Différenciation des coûts causée par les différences dans les procédés de production
Les différences structurelles dans les processus de production de l'acier entre la Chine et l'Union européenne constituent des facteurs clés expliquant l'impact inégal des droits carbone. Actuellement, la production chinoise d'acier est encore dominée par le procédé long (haut-fourneau-convertisseur), tandis que la sidérurgie électrique courte (en four à arc) ne représente que 10 %, contre environ 40 % dans l'UE1. Cette différence de procédés se traduit directement par une intensité des émissions de carbone nettement distincte : les émissions de carbone par tonne d'acier produite via le procédé court sont environ 70 % plus faibles que celles du procédé long2. Selon des données nationales, la mise en œuvre du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM) entraînera une augmentation des coûts pour les exportations chinoises d'acier vers l'UE, estimée entre 652 et 690 yuans2.
Les variétés à forte valeur ajoutée telles que les plaques représentent une part importante des exportations chinoises d'acier vers l'Europe. Ces produits sont principalement fabriqués à l'aide du procédé long haut-fourneau-convertisseur et peuvent nécessiter des processus de production plus complexes, entraînant une intensité des émissions de carbone plus élevée par tonne d'acier2. Cela signifie que les produits sidérurgiques haut de gamme chinois destinés à l'exportation font face à une pression accrue en matière de droits carbone, ce qui pourrait réduire la compétitivité des entreprises sidérurgiques chinoises sur le marché haut de gamme.
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